Toutes les petites choses que j’ai pu voir

Nancy, Mike, Clara, Arnold et Maryann ont des vies des plus ordinaires. Dans un monde modeste où on parle peu et où on n’ose jamais assez, leurs histoires sont faites d’instants brefs, mystérieux, de petits ratages et de frustrations.
Olivia Corsini adapte des nouvelles de Raymond Carver décrivant l’Amérique des années 1970-1980, après l’âge d’or, où la population vit des dérèglements d’humeurs et des pertes de repères. Le dernier rêve de conquête a été atteint avec les premiers hommes sur la Lune, le pays s’est embourbé dans les horreurs de la guerre du Vietnam, « l’American way of life » vacille et le libéralisme économique a multiplié les laissés-pour-compte.
Femmes et hommes vivent une profonde solitude, à l’image du tableau d’Edward Hopper, Nighthawks, où de grandes parois de verre laissent deviner quatre personnages qui ne se regardent pas. Dans un monde fait d’objets, de lits, de téléphones ou de bouteilles, telles des figurines coincées dans des intérieurs isolés, leurs destins leur échappent. Sans connexion entre eux, le sol se dérobe sous leurs pieds et leurs vies se diluent dans un quotidien aliénant.
Entre réel et fantastique, cette pièce nous raconte la vague de spleen engendrée par une société matérialiste et déshumanisante.